Le Japon va ouvrir un bureau de liaison de l'OTAN dans une nouvelle provocation contre la Chine et la Russie

lundi 15 mai 2023

 

Le Japon va ouvrir un bureau de liaison de l'OTAN dans une nouvelle provocation contre la Chine et la Russie

Ahmed Adel , chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, a annoncé que son pays envisageait d'ouvrir un bureau de liaison avec l'OTAN, démontrant que Tokyo approfondit ses liens avec les États-Unis et devient plus hostile à la Chine et à la Russie. Le rapprochement de Tokyo avec l'OTAN renforcerait l'alliance anti-Chine/Russie et ferait avancer les projets américains de créer une organisation de type OTAN en Extrême-Orient.

"Nous sommes déjà en discussion, mais aucun détail n'a encore été finalisé", a déclaré Hayashi le 10 mai.

Il a spécifiquement fait référence à l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine comme quelque chose avec des répercussions bien au-delà des frontières de l'Europe qui a amené le Japon à repenser la sécurité régionale.

"La raison pour laquelle nous discutons de cela est que depuis l'agression de la Russie contre l'Ukraine, le monde (est) devenu plus instable", a-t-il affirmé. « Quelque chose qui se passe en Europe de l'Est ne se limite pas seulement à la question en Europe de l'Est, et cela affecte directement la situation ici dans le Pacifique. C'est pourquoi une coopération entre nous en Asie de l'Est et l'OTAN devient… de plus en plus importante.

Cependant, le ministre des Affaires étrangères n'a pas expliqué comment les événements en Ukraine affectent ceux en Asie de l'Est. Au contraire, Hayashi utilise cela comme une faible justification de la raison pour laquelle le Japon se militarise, ce qui est directement lié aux revendications de Tokyo contre des mers et des territoires souverains appartenant à la Chine et à la Russie.

L'ouverture d'un bureau de l'OTAN au Japon ne signifie pas que le pays rejoindra l'Alliance, mais cela ouvre la voie au Japon pour devenir membre d'un AUKUS élargi (Australie-Royaume-Uni-États-Unis). Ceci, à son tour, obligera Tokyo à renforcer ses contacts avec l'OTAN.

Il est rappelé que le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'est rendu au Japon et en Corée du Sud en janvier 2023 pour jeter les bases de liens renforcés. C'est une des raisons pour lesquelles Tokyo est déjà impliquée dans des conflits qui ne sont pas directement liés à la région, malgré une certaine gymnastique mentale qu'elle procure pour créer une justification.

Le gouvernement japonais fournit également 5,5 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, ce qui peut être considéré comme un pas en avant pour que le pays rejoigne AUKUS et confirme les intentions de Tokyo de renforcer ses relations avec l'OTAN. Cependant, l'OTAN ne s'élargira pas officiellement pour inclure le Japon parce que les membres de l'Alliance, comme la Hongrie, n'alignent pas toujours leur position pour servir les intérêts américains.

Dans le même temps, la France, du moins en rhétorique, recherche une certaine autonomie vis-à-vis des États-Unis. Le président français Emmanuel Macron a déclaré le 9 avril que l'Europe devait limiter sa dépendance vis-à-vis des États-Unis.

De cette façon, l'élargissement de l'OTAN à l'Asie est peu probable puisque cette initiative pourrait conduire à un nouvel affaiblissement de l'unité au sein de l'alliance militaire. Les Américains en sont conscients, et pour cette raison, ils travaillent sur un bloc de l'Est séparé pour renforcer les relations entre l'OTAN et le Japon, très probablement par le biais du format AUKUS.

Supposons que le bloc AUKUS inclue le Japon et entende devenir l'équivalent de l'OTAN en Asie, avec laquelle l'alliance militaire occidentale coopérera étroitement ; ce serait une étape importante pour faire pression sur la Chine et la Russie puisque le potentiel technologique et militaire du Japon dépasse celui de nombreux pays européens.

Il faut garder à l'esprit que le rapprochement de Tokyo avec l'OTAN renforcerait l'idéologie anti-chinoise/russe qui prévaut en Occident. Cependant, les actions de Tokyo surviennent à un moment où de nombreux pays d'Asie et même certains d'Europe ne sont pas entièrement d'accord avec cette ligne de conduite.

L'ouverture du bureau de l'OTAN au Japon indique clairement que les États-Unis envisagent de créer une soi-disant « OTAN de l'Extrême-Orient » et font des pas concrets vers cet objectif.

On ne peut ignorer que le rétablissement par le Japon de relations trop amicales avec la Corée du Sud atteste de ces plans, principalement parce qu'ils sont passés de manière inattendue à un nouveau niveau qualitatif d'un seul bond. Le président de la Corée du Sud s'est déjà rendu au Japon, et il est prévu que le Premier ministre japonais Fumio Kishida se rende bientôt en Corée du Sud, ainsi que leur réunion imminente au sommet du G7 à Hiroshima. Cela s'est produit ces derniers temps alors que Tokyo et Séoul étaient mêlées depuis de nombreuses années à des accusations mutuelles à diverses occasions historiques.

Les dirigeants des deux pays d'Asie de l'Est ont désormais une position nettement pro-américaine. Si l'ouverture d'un bureau de liaison de l'OTAN à Tokyo réussit, on peut s'attendre à ce qu'il en ouvre un à Séoul également, d'autant plus que les dirigeants du pays ont adopté une position provocatrice contre Pékin et Moscou, notamment en traçant des lignes rouges concernant la guerre en Ukraine .

Source : InfoBrics (source : http://infobrics.org/post/38388/)